24 Heures Article – 20/11/2000
La nonnette se dévoile sous son vrai jourPour Elisabeth Veyre, de Puidoux-Chexbres, la
friandise de la Foire n’a strictement rien à voir avec le pain d’épice. Explications.La lecture du
journal de mercredi a mis Elisabeth Veyre en boule. Aux commandes d’une boulangerie-
pâtisserie à Puidoux-Chexbres depuis plus de trente ans, elle en connaît un morceau sur les
spécialités régionales. Dès lors, quand des revendeurs, neuchâtelois et fribourgeois de
surcroît, affirment que la nonnette est fabriquée à base de pain d’épice (24 heures du 15
novembre), Elisabeth ne peut rester de marbre devant telles sornettes.«La nonnette est en
quelque sorte le pain ou le biscuit de la Foire de la Saint-Martin, mais on ne peut pas
l’assimiler à du pain d’épice. Seule sa couleur peut rappeler celle d’un biscôme. D’ailleurs,
aucune pâtisserie connue ne ressemble à la vraie nonnette qui est carrée et non ronde», a-t-elle
expliqué, samedi, au marché de Vevey. Peu rentable selon Elisabeth, cette friandise aurait été
apportée après la Seconde Guerre mondiale par un pâtissier qui faisait tous les marchés avec
un char et un cheval.
Comme la friandise de la Foire ne se conserve pas longtemps, il est nécessaire de la préparer
au dernier moment. «Nous avons commencé à les fabriquer le samedi pour la foire du mardi.
Le matin, alors que nous étions en train de monter notre stand, on nous en demandait déjà.
Mardi dernier, nous en avons écoulés passé six mille», souligne-t-elle.Les boulangers-
pâtissiers qui confectionnent encore les nonnettes se sont fait rares pour des raisons de
rentabilité. «C’est très long à faire, remarque Elisabeth.
Mais si des clients passent commande, je suis persuadée que mes collègues de la région
peuvent en réaliser comme nous.»
La recette PATIENCE
Au minimum cinq heures d’attente.Certains secrets demeurent bien gardés. Ainsi, sans fournir
les quantités exactes, Elisabeth Veyre a tout de même accepté de livrer les ingrédients et la
marche à suivre pour confectionner les vraies nonnettes au rhum. La main de l’artisan y est
pour beaucoup dans la réussite.Chauffer du lait et y faire fondre du miel et du sucre. Laisser
refroidir, ajouter l’oeuf, la farine noire, surtout pas de fleur, et de la poudre à lever. Dans la
masse, ajouter le rhum et laisser reposer au minimum cinq heures puis cuire dans un four à
pain. Une fois les carrés de cinq centimètres sur cinq sortis du four, poser un glaçage
identique à celui des Läckerli.Conclusion: nulle trace de la moindre épice, encore moins
d’orange, et il faudra attendre un an pour goûter la véritable nonnette de la Saint-Martin.
L’impatience s’installe au fond du palais… C.Go.